Menchior, Sculpteur Ornemanistes Staffeurs depuis 6 générations !
Depuis 1850, 6 générations d’ornemanistes et staffeurs se succèdent dans les ateliers créés par Pierre-Joseph Menchior fin du 19ème siècle. Définir les activités de Menchior, c’est un peu revisiter le musée de l’entreprise, un bâtiment annexe à l’atelier qui conserve la mémoire des lieux. Y sont entreposés des milliers de moules, d’épreuves, de sculptures qui font la réputation du savoir faire de la maison. Moulures, baguettes, rosaces, frontons, cabochons, médaillons, palmettes, draperies, denticules, staff, voussettes, niches, colonnes, vasques, bas reliefs, statues, torses, chapiteaux, pilastres … le vocabulaire est riche, les styles sont infinis.
A toutes ces techniques et tous ces termes, il est un dénominateur commun, un incontournable de la maison : le plâtre. Dans l’atelier, les arrières arrières arrières petits enfants du fondateur s’affèrent autour des silicones pendant que Daniel Menchior, le patriarche de la société est à la planche à dessin.
Daniel Menchior : Nous sommes tous tombés dans le plâtre étant enfants. Jouer dans l’atelier de mes grands parents étaient en soi une aventure … pouvoir se salir sans peur des réprimandes, voilà le rêve de beaucoup d’enfants. Aussi loin que ma mémoire m’est fidèle, j’ai toujours connu le plâtre. J’ai officiellement commencé à travailler à 14 ans mais j’ai été biberonné au plâtre. Il y a 65 ans que je suis au travail et je n’ai aucunement l’intention de m’arrêter. D’ailleurs, je n’ai jamais vraiment travaillé, je m’amuse tous les jours.
LMdO : Comment définiriez-vous votre terrain de jeu puisque vous vous amusez tant ?
DM : La caractéristique de notre maison, c’est de pouvoir tout contrôler de A à Z. De la prise de mesures à la pose. Entre les deux, l’étude du projet et la réalisation en atelier auront été les étapes intermédiaires. En gros, nous pratiquons l’art de la rénovation de belles demeures privées, d’édifices publics classés. Nous créons et fabriquons des éléments décoratifs en staff en suivant les anciennes traditions familiales. Les ornemanistes ornent, les staffeurs maîtrisent toutes les techniques du plâtre.
LMdO : Des gestes emprunts de tradition et de modernité donc ?
DM : La rénovation de décors anciens demandent une grande connaissance historique des techniques ornementales. Avant 1900, les plâtres armés n’existaient pas et tout était sculpté sur place. Nous sommes les descendants d’une lignée de stucateurs. Quand nous intervenons sur des structures classées, nous refaisons le travail dans les conditions de l’époque. Nos gammes actuelles profitent des techniques plus modernes de renforcement et de moulage qui nous permettent d’élaborer des mini séries et des longueurs de pièce allant jusqu’à 5 mètres. C’était impensable avant l’arrivée du sisal.
LMdO : Le sisal ?
DM : C’est une fibre de cactus que l’on utilise pour armer les plâtres. Sans cela les décors seraient beaucoup trop fragiles à manipuler. Nous renforçons aussi les petites choses plus délicates avec des poils de vache et les toutes grandes pièces avec de la toile de jute. Les techniques de moulage en silicone nous ont permis d’imaginer des gabarits durables que l’ont peut réutiliser presqu’à l’infini. Ils sont chers à produire mais ce sont des outils de travail dont mes parents auraient rêvé. A leur époque, les moules étaient réalisés en gélatine. Le plâtre ayant la caractéristique de chauffer en séchant, les moules de gélatine s’abîmaient très fort : les arrêtes s’émoussaient et s’arrondissaient à toute vitesse rendant les séries assez peu stables en terme de finition. C’est un problème que nous n’avons plus du tout.
LMdO : Qui sont vos clients ?
DM : Les ornemanistes staffeurs voient du monde : des particuliers, des institutions publiques, des architectes et même des industriels … partout sur la planète. L’aspect le plus inattendu de notre métier vient d’ailleurs de cette dernière catégorie : les industriels. C’est un peu moins le cas maintenant mais Menchior a réalisé des centaines de sculptures en plâtre en guise de modèle pour de très grandes marques. Des sièges de TGV, des lampadaires de rue, les candélabres du pont de Fragnée, des sièges de voiture, des tableaux de bord, … autant d’objets qui nécessitent un modèle précis qui servira de matrice aux outils sur les lignes de production.

Fier d’être : staffeur – ornemaniste
LMdO : Que penser des moulures polystyrènes prêtes à poser ? On est loin des ornemanistes staffeurs ?
DM : On ne joue pas dans la même cour. Nos produits sont résolument haut de gamme. Le polystyrène s’adresse à un autre public. Par contre nous avons été fort copiés. Mais peu d’ateliers peuvent prétendre mener un projet de création dans un style donné de la conception au montage. Nos références parlent pour nous : le théâtre Tallien de la princesse de Chimay, le Forum de Liège, l’hôtel Mayfair à Bruxelles, le château Mandarine Napoléon à Seclin en France et la réalisation d’un nombre incalculable d’intérieurs privés dans tous les styles. Des projets parfois pharaoniques d’aménagements complets dont certains ont duré plusieurs années.
Spécialiste des ateliers depuis une dizaine d’années, Patrice Niset vous emmène au cœur de l’excellence et des beaux gestes. Il vous fait découvrir l’envers du décor. Patrice est passionné par les gens passionnés et fiers de leurs métiers !
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